Étiquette : insertion professionnelle

  • L’integration est un cheminement

    L’integration est un cheminement

    Je m’appelle Irène Raoelison et je suis originaire de Madagascar, la grande île de l’Océan Indien. Je suis arrivée en Suisse en 2016, dans le canton de Fribourg, pour donner suite à une formation que j’ai suivie en Afrique et en Europe. Je suis retournée quelques mois dans mon pays avant de repartir pour Genève en 2017. L’obtention du visa d’entrée sur le sol helvétique n’était pas facile. J’ai dû faire un recours à la suite d’une réponse négative à ma première demande auprès de l’ambassade suisse à Madagascar. Il me fallait de la résilience et beaucoup de persévérance dans mes démarches. En ce qui concerne la langue, venant d’un pays francophone et ayant appris le français depuis l’enfance, je n’ai pas de difficulté pour la communication. D’ailleurs, j’ai pu poursuivre sereinement mes études universitaires. Il me fallait toutefois m’informer au fil du temps sur la langue et la culture suisses. En effet, même si nous sommes francophones, il existe des différences dans le vocabulaire, le sens et le poids des mots, la vision du monde…

    Il m’arrivait de ne pas comprendre les explications de mes professeurs à l’université lorsqu’ils évoquaient des éléments culturels qui m’échappaient. Je posais alors des questions soit aux professeurs eux-mêmes, soit aux autres étudiants, soit aux personnes de mon entourage. Je lisais beaucoup aussi.

    La bonne curiosité, le courage de poser des questions, le sens du dialogue et de l’échange nous aident à mieux comprendre l’autre. Pour la question de la langue qui facilite les interactions sociales et l’intégration, il existe plusieurs possibilités d’apprentissage du français pour les non francophones à Genève, à travers des structures cantonales et des associations.

    Pour ce qui est de l’intégration professionnelle, pour moi qui suis originaire d’un pays non européen, le défi n’a pas été facile à relever. À la fin de mes études, ce n’était pas évident de trouver tout de suite un travail. D’ailleurs, j’ai dû patienter quelques mois avant d’y arriver. Ma chance a été que j’ai suivi des études dans un domaine assez spécifique et que mon parcours de vie m’a aidé à développer certaines compétences nécessaires dans mon métier actuel. Ce qui est bien à Genève et dans différentes régions de la Suisse, c’est la possibilité pour les personnes, locales et étrangères de bénéficier de conseils, voire de programmes d’insertion professionnelle. Puis, différentes structures comme le pôle emploi à l’université et certaines associations offrent des services d’aide à la recherche d’emploi et des conseils en matière de rédaction de CV et de préparation aux entretiens d’embauche.

    Quant à la vie dans le contexte genevois, là où j’avais besoin de fournir un effort était, entre autres, dans mon rapport au temps. J’ai grandi loin de la ponctualité suisse puisque je viens du pays du « moramora » (avançons tranquillement) où le temps nous appartient, nous avons le temps. Il me fallait trouver les moyens, comme le réveil le matin ou même le long de la journée pour mieux respecter la culture de la ponctualité et précision helvétique. Un autre défi que j’ai dû surmonter concerne la compréhension de certains systèmes comme le système d’assurance. Je n’avais pas cette culture des assurances aux primes élevées dans mon pays. C’est à travers une amie jurassienne que j’ai mieux capté et compris la logique de solidarité qu’on peut trouver dans le système d’assurance helvétique. Un autre élément que j’ai appris au fil du temps est l’importance de ne pas faire des comparaisons. Je ne peux pas comparer les réalités que je trouve ici avec celles qui existent dans mon pays d’origine.

    Certes, je garde aussi le lien avec Madagascar à travers ma famille et mes amis qui me partagent les nouvelles du pays. Je garde également mes manières d’être malgache, j’écoute la musique du pays, je continue à manger du riz tout en appréciant la gastronomie, la cuisine d’ici… J’ai rejoint un groupe de la diaspora de mon île natale avec laquelle il me semble souvent de me retrouver en famille. Même si les ressortissants de Madagascar ne sont pas si nombreux en Suisse, j’étais vraiment contente de trouver ce groupe et de passer des moments avec eux quand je peux. Entre temps, j’ai trouvé une communauté suisse avec laquelle je continue à grandir sur mon chemin de foi, un aspect important pour moi. Puis je participe autant que possible aux différentes activités sociales et culturelles de la ville de Genève qui me permettent à la fois de connaître les réalités de la population d’ici et d’élargir le cercle d’amis. Des conférences aux rencontres culturelles et festivals, de l’escalade à la fête nationale, sans oublier les activités de solidarité comme le samedi du partage.

    Au-delà d’un climat qui semble parfois être froid, j’ai toujours apprécié l’esprit d’entraide et de solidarité à Genève ainsi que la forte diversité culturelle trouvée ici qui élargit le coeur et l’esprit. A travers les initiatives de ses citoyens, j’ai découvert Genève en tant que ville prônant l’inclusion et la diversité par différents moyens. J’ai remarqué qu’il existe de nombreuses structures offrant un accueil chaleureux aux nouveaux venus, quel que soit leur statut. Bien évidemment, l’intégration peut aussi dépendre des liens sociaux que chacun parvient à tisser avec la population et c’est pour cela que j’encourage la participation aux différents événements. Dans le quotidien, il y a toujours des défis à relever, mais il existe également une multitude de ressources et de possibilités pour faciliter l’intégration dans cette ville de la paix et de la fraternité.

  • Présentation et discussion des notions d’activation, d’intégration et d’insertion professionnelles

    Présentation et discussion des notions d’activation, d’intégration et d’insertion professionnelles

    Les notions d’activation, d’intégration et d’insertion professionnelles sont centrales dans la dynamique du marché du travail, en particulier pour les personnes éloignées de l’emploi. Vincent Delorme, dans ses travaux, propose une approche structurée de ces concepts en les reliant à des catégories de facteurs qui influencent l’insertion professionnelle. Ces catégories sont détaillées dans l’article:

    “Cadre conceptuel :

    les facteurs agissant sur l’insertion professionnelle des bénéficiaires de l’aide sociale”.

    Activation

    L’activation désigne un ensemble de politiques visant à encourager les bénéficiaires d’aides sociales à adopter une attitude proactive dans leur recherche d’emploi. Ce concept repose sur l’idée que l’accès à l’aide sociale doit être conditionné par des efforts de recherche d’emploi. Dans le cadre de l’activation, Delorme identifie des facteurs externes, tels que les politiques publiques visant à réduire le chômage, qui influencent l’efficacité de ces mesures. Par exemple, l’Accompagnement à la Recherche d’Emploi (ADR) a pour but d’inciter les bénéficiaires à participer activement à leur réinsertion.

    Un aspect important à considérer est que, parfois, avant de se lancer dans la recherche d’un emploi, il est nécessaire de résoudre certaines problématiques personnelles, telles que des problèmes familiaux, de santé ou même d’apprentissage de la langue. Comme l’a souligné notre professeur, les personnes qui parlent bien le français ont souvent plus de chances de s’intégrer dans la société.

    L’article mentionne également que les circonstances personnelles, telles que les valeurs culturelles vis-à- vis du travail, peuvent influencer cette activation.

    Intégration

    L’intégration professionnelle, quant à elle, fait référence à l’état ultime recherché à travers le processus d’insertion : il s’agit d’obtenir un emploi stable et de s’intégrer durablement dans le marché du travail. Delorme souligne l’importance des facteurs individuels, comme les compétences sociales et la motivation, qui sont cruciaux pour réussir cette intégration. Une anecdote marquante partagée en cours illustre bien ce point :

    un homme, après avoir été longtemps au chômage, se rend compte que son enfant souhaite un jouet qu’il ne peut pas lui acheter. Cet instant de prise de conscience devient un déclencheur pour lui, le poussant à chercher un emploi afin de pouvoir satisfaire ce désir. C’est souvent dans ces moments d’éveil que les individus réalisent la nécessité de leur intégration professionnelle.

    Insertion

    L’insertion professionnelle est le processus par lequel un individu accède au marché du travail. Dans l’article de Delorme, trois catégories de facteurs influençant ce processus sont décrites : les facteurs externes, les circonstances personnelles et les facteurs individuels.

    Par exemple, la situation économique et les politiques d’activation sont des facteurs externes cruciaux, tandis que les problématiques sociales et familiales relèvent des circonstances personnelles. Il est à noter que l’insertion sociale doit précéder l’insertion professionnelle. Avant de penser à un emploi, il est essentiel de garantir l’intégration sociale de l’individu, comme le souligne également l’article.

    En somme, l’interaction entre ces trois notions est complexe et nécessite une approche intégrée pour favoriser l’accès et la pérennité des emplois pour les personnes en difficulté.

    Loi sur l’aide sociale et la lutte contre la précarité.

    Adoptée en 2024, cette loi vise à simplifier l’accès à l’aide sociale et à offrir un accompagnement personnalisé pour favoriser l’insertion sociale et professionnelle des personnes en situation de précarité.

    Adoption et objectifs de la loi

    • La loi est entrée en vigueur le 1er janvier 2025, dans le but de répondre de manière plus efficace aux besoins des personnes en difficulté.

    • Elle s’inscrit dans une volonté de faciliter l’accès à l’aide sociale, en réduisant les démarches administratives, tout en proposant un suivi global centré sur l’insertion.

    • L’objectif est d’accompagner les bénéficiaires, notamment les jeunes, les familles et les enfants, dans un parcours d’autonomisation, en s’appuyant sur une évaluation de leurs besoins spécifiques (logement, santé, formation, emploi, etc.).

    Principales innovations et améliorations

    • Simplification administrative : le calcul de l’aide est effectué tous les 6 mois, sans demande systématique de documents.

    • Incitation à l’emploi : une partie du salaire n’est plus déduite de l’aide financière, permettant d’augmenter les revenus mensuels.

    Contribution à l’intégration professionnelle

    • La loi vise à favoriser l’employabilité et l’autonomie financière des bénéficiaires, en les aidant à développer leurs compétences et leur réseau professionnel.

    • L’objectif est de permettre une (ré)insertion durable sur le marché du travail, en offrant un soutien adapté aux besoins de chacun.

    • Les innovations en matière de gestion budgétaire et d’incitation à l’emploi devraient contribuer à une meilleure intégration professionnelle à long terme.

    En résumé, cette loi marque un tournant dans l’approche de l’aide sociale, en plaçant l’insertion sociale et professionnelle au coeur du dispositif, dans une logique d’autonomisation et de simplification des démarches pour les bénéficiaires.

    Positionnement sur les mesures d’activation et d’insertion professionnelle

    La réflexion sur l’alignement des mesures proposées avec les valeurs personnelles est cruciale. Dans ce contexte, un certain conflit peut être identifié entre les mesures d’activation et d’insertion professionnelle, et les valeurs d’empathie et de respect de la dignité humaine.

    D’un côté, le concept d’activation, qui conditionne l’accès à l’aide sociale à une attitude active de recherche d’emploi, peut sembler juste et nécessaire dans une optique de responsabilisation. Cependant, cette approche risque de négliger les réalités complexes auxquelles font face de nombreux bénéficiaires, comme les problématiques personnelles (familiales, de santé, linguistiques, etc.) identifiées dans l’article de Vincent Delorme. Il est essentiel de prendre en compte ces éléments, sans quoi les mesures d’activation peuvent conduire à une stigmatisation et à une marginalisation des personnes en difficulté, ce qui serait en contradiction avec les valeurs de compassion et de justice sociale

    D’un autre côté, les incitations financières aux entreprises pour l’embauche de bénéficiaires d’aide sociale peuvent offrir des opportunités d’intégration. Néanmoins, les risques de précarisation soulevés dans le texte sont préoccupants. Si les emplois proposés ne permettent pas une véritable intégration durable, cela peut créer des situations difficiles ne respectant pas la dignité des individus.

    En résumé, bien que certaines mesures puissent présenter des bénéfices, il est essentiel de les examiner de manière critique afin de s’assurer qu’elles ne compromettent pas les valeurs fondamentales d’empathie, de respect et de dignité

    humaine. Ent tant que travailleurs sociaux, l’engagement sera de défendre ces valeurs tout en cherchant à trouver un équilibre entre les exigences des politiques d’activation et les besoins réels des personnes accompagnées.

    Delorme, V., (2016), Bénéficiaires d’aide sociale de longue durée : freins et ressources pour retrouver un emploi, Master, IDHEAP, Lausanne (p. 20 à 32)

    Schweri, Michel. Concepts-clés Marché travail HETS. Notes de cours AS1.