C’est avec une immense joie et un grand enthousiasme que nous vous présentons le premier numéro de notre magazine. Notre objectif est de nous concentrer sur les problèmes rencontrés par les réfugiés et les migrants, afin de sensibiliser la société et de briser les préjugés existants. En nous inspirant de la philosophie de Mahatma Gandhi : « Soyez le changement que vous souhaitez voir dans le monde », nous visons à établir un lien entre la société genevoise, les réfugiés et les migrants pour réaliser humblement ce changement.
Boussole offre à ses lecteurs l’opportunité de s’informer sur la culture, la société et le système suisse, tout en partageant des histoires de réussite en matière d’intégration et les valeurs culturelles des migrants. En construisant des ponts entre différents acteurs, nous aspirons à créer un impact positif et durable dans notre société.
Dans cette aventure, notre équipe d’auteurs se compose modestement d’enseignants, d’hommes d’affaires, de fonctionnaires et d’étudiants, tous originaires de leur pays d’origine. Chacun d’eux possède une importante expertise et expérience dans son domaine. En nous basant sur la réalité selon laquelle « les paroles s’envolent, les écrits demeurent », nous sommes motivés par le désir de laisser une belle empreinte dans notre société.
Les articles de notre magazine couvriront un large éventail de sujets, allant des violations des droits de l’homme aux histoires de réussite en matière d’intégration, en passant par l’intelligence artificielle, la littérature et la culture. De plus, nous prévoyons d’enrichir chaque numéro avec les contributions de nos auteurs invités.
Avec ce premier numéro, notre équipe ressent un grand enthousiasme. Après environ six mois de travail acharné, nous avons pour objectif de vous offrir un magazine utile et agréable. Nous espérons que ce magazine peut, même modestement, devenir une source d’inspiration pour beaucoup.
Aujourd’hui, le monde fait face à de nombreux défis. Les guerres, les conflits internes, les crises économiques et les catastrophes naturelles liées au changement climatique sont à nos portes. En ces temps difficiles, nous souhaitons sensibiliser davantage aux valeurs et aux questions humanitaires. À ce propos, je me rappelle d’une citation d’Albert Einstein : « Nous avons tous la responsabilité de rendre le monde meilleur. » À travers ce magazine, nous visons à contribuer à la paix sociale et à l’harmonie au sein de notre société genevoise.
Nous sommes impatients de partir avec vous, chers lecteurs, dans ce voyage. Nous espérons pouvoir ensemble construire un avenir meilleur.
Importance des relations de voisinage dans la culture turque
De nos jours, on pourrait penser que la vie en appartement, avec son nombre croissant de logements, le rythme de travail intense et la numérisation affaiblissent les relations de voisinage. Cependant, grâce aux liens culturels forts qui unissent la société turque, ces relations continuent d’être transmises de génération en génération et demeurent une part essentielle de notre quotidien.
Pour nous, le voisinage signifie partager, s’entraider et se soutenir mutuellement dans les moments difficiles. Ces valeurs sont si importantes qu’elles nous maintiennent unis en tant que société. J’aimerais vous donner quelques exemples concrets de cette solidarité qui caractérise notre culture.
Un accueil chaleureux dès votre arrivée
Tout le monde peut ressentir de l’inquiétude lorsqu’il s’installe dans un nouvel endroit en raison de l’inconnu et de la solitude qui peuvent en découler. Si vous déménagez dans une ville en Turquie, vous avez de la chance. Dès que vos affaires commencent à être déchargées du camion, les voisins viennent vous saluer avec un “Bienvenue ! Avez-vous besoin d’aide ?”. Cette attention chaleureuse dissipe immédiatement la mélancolie et l’incertitude du déménagement.
Ce type d’accueil chaleureux vous fait instantanément passer du statut d’étranger à celui d’un membre à part entière de la communauté, vous offrant un véritable sentiment d’appartenance.
Le premier jour dans un nouveau foyer : la générosité des voisins
Le premier jour d’installation est toujours très chargé. Il y a mille choses à faire : déballer les cartons, monter les meubles, ranger… Dans ces moments-là, il y aura toujours un voisin qui viendra frapper à votre porte avec du thé chaud et des collations préparées maison, vous permettant ainsi de reprendre des forces sans perdre de temps.
Une autre tradition veut que l’on ne rende jamais une assiette vide. Quelques jours plus tard, lorsque vous serez installé, ce sera à votre tour de préparer une petite gourmandise et de rendre l’assiette avec votre propre préparation. Ainsi, dès les premiers jours, une belle relation se noue à travers ces échanges et cette hospitalité mutuelle.
Le voisinage en Suisse : une chance inestimable
Lorsque nous avons emménagé dans notre immeuble à Genève, nous avons eu la chance de rencontrer une famille turque vivant dans l’immeuble d’à côté. Très vite, nous avons tissé des liens étroits. Nos enfants ayant presque le même âge, cette proximité nous apporte de nombreux avantages, à la fois pour eux et pour nous.
Le dimanche matin, si nous nous réveillons avec un beau soleil, nous nous disons “Et si on sortait ?”, et nous partons ensemble en randonnée ou faire un barbecue. S’il pleut, nous nous invitons mutuellement pour un café, partageant ainsi nos expériences et rechargeant notre énergie pour une nouvelle semaine.
Un voisin, une ressource précieuse au quotidien
Parfois, alors que nous préparons un gâteau avec les enfants, nous réalisons qu’il nous manque un peu de farine ou un oeuf. Que faire ? Bien sûr, nous allons frapper à la porte du voisin en demandant “Auriez-vous une tasse de farine ou un oeuf à nous prêter ?”. Dans ces situations, la valeur monétaire de l’objet prêté n’est jamais mentionnée.
Dans notre culture, partager ce que l’on a est une source de joie pour les deux parties, et la générosité ne s’accompagne jamais d’une attente financière. Ni celui qui donne ne demande “Combien me donnerez-vous ?”, ni celui qui reçoit ne propose de payer. Cependant, une délicieuse odeur de gâteau embaumera la maison peu après, et en offrir quelques parts à votre voisin ne fera que renforcer cette belle amitié.
Le voisinage, un trésor pour les enfants aussi
Pour les enfants, les relations de voisinage sont synonymes de jeu et de complicité. Lorsqu’ils s’ennuient à la maison, ils peuvent simplement
frapper à la porte d’un ami et demander “Est-ce que je peux venir jouer ?” ou “Je m’ennuie, tu veux jouer dehors avec moi ?”.
Aucun rendez-vous préalable n’est nécessaire. Cette spontanéité et cette liberté rendent les jeux entre voisins bien plus amusants et naturels.
Le voisin, une véritable “assurance” en cas de besoin
En Turquie, beaucoup de gens laissent un double des clés de leur maison à un voisin de confiance. Cela ne sert pas seulement à arroser les plantes pendant une absence, mais aussi à garder un oeil sur la maison lors de longues périodes d’absence. Le voisin viendra de temps en temps ouvrir les fenêtres pour aérer les lieux, sans jamais attendre de rémunération en retour.
C’est une forme de solidarité et de confiance mutuelle. Après quelques mois de relation avec nos voisins, nous avons également échangé un double de nos clés. Ainsi, lorsque nos enfants rentrent de l’école et réalisent qu’ils ont oublié leur clé, ils n’ont plus besoin d’attendre dehors. Ils peuvent soit rester chez nos voisins, soit récupérer le double de la clé et entrer tranquillement chez nous.
Un soutien précieux en cas de maladie
Les périodes de maladie sont particulièrement difficiles, surtout si l’on vit seul. Dans ces moments-là, se lever pour préparer un simple bol de soupe peut être épuisant. Heureusement, en Turquie, les voisins veillent les uns sur les autres.
Lorsqu’un voisin est malade ou vient de subir une opération, les autres viennent lui rendre visite pour lui demander s’il a besoin d’aide. “Une visite courte est toujours la meilleure” dit un proverbe turc, donc ces visites ne durent généralement pas plus de 15-20 minutes, juste assez pour montrer au malade qu’il n’est pas seul. En guise de geste attentionné, on apporte souvent des fruits frais ou du lait pour l’aider à récupérer plus vite.
Mon Histoire de Réfugiée Politique en Tant que Femme et Mère
Enseigner a toujours été une passion, un mode de vie pour moi. Pendant 16 ans, j’ai travaillé comme professeure d’anglais en Turquie, soutenant mes élèves dans leur apprentissage, observant leur développement et accompagnant leurs rêves. Mais en 2021, ma vie a radicalement changé. Sous la pression de difficultés politiques et personnelles, j’ai été contrainte de quitter mon pays avec mon mari et mes enfants. Cette décision, aussi difficile qu’elle ait été, était nécessaire. Nous avons laissé derrière nous notre maison, nos proches, une vie entière. Avec une simple valise et mille espoirs, nous avons pris la direction de la Suisse, en quête de sécurité et d’un avenir à reconstruire.
Ce voyage a été à la fois une promesse et une épreuve. Nous avons quitté tout ce que nous connaissions pour entrer dans un monde inconnu. La langue, la culture, les règles… tout était nouveau et déroutant. En tant que réfugiée politique, j’ai ressenti profondément le poids de l’exil : une sensation de perte, mais aussi une détermination inébranlable à offrir une vie meilleure à mes enfants. Leurs regards pleins d’espoir nous ont donné la force de continuer, malgré l’incertitude.
Les Services Sociaux : Une Main Tendue Qui Change Tout
En arrivant en Suisse, j’ai découvert pour la première fois les services sociaux. En Turquie, je n’avais jamais eu besoin de demander de l’aide. J’étais une femme indépendante, une professionnelle accomplie. Être désignée comme « bénéficiaire » au début m’a profondément troublée. Je me sentais vulnérable, exposée. Mais j’ai vite compris que les services sociaux en Suisse allaient bien au-delà d’un simple soutien matériel. Ils représentaient une solidarité, un respect pour la dignité humaine et une aide pour se reconstruire.
Grâce à ce système, ma famille et moi avons retrouvé un équilibre. Ce soutien nous a permis de respirer, de nous adapter et de reconstruire notre vie dans un environnement sûr. Même les aides qui pouvaient sembler petites avaient pour nous une signification immense. Ces expériences m’ont également amenée à réfléchir à ma place dans ce nouveau pays : comment pouvais-je contribuer à cette société qui nous avait si bien accueillis ?
Un Sentiment de Sécurité Retrouvé
Pour la première fois depuis longtemps, en Suisse, je me suis sentie en sécurité. Les institutions solides, les lois protectrices… tout semblait fiable. Mes enfants pouvaient aller à l’école sans peur, apprendre et s’épanouir. Cette stabilité leur a offert une opportunité précieuse, ouvrant la porte à un avenir meilleur. Les voir heureux et en sécurité m’a confirmé que nos sacrifices n’étaient pas vains.
Pour moi, ce sentiment de sécurité m’a permis de rêver à nouveau. Il m’a donné la force de réfléchir à ma propre reconstruction, non seulement en tant que mère, mais aussi en tant que femme qui souhaite contribuer activement à cette société.
Le Travail Social : Une Nouvelle Vocation et Un But
Ces expériences m’ont conduite à une décision importante. Inspirée par l’aide que ma famille et moi avions reçue, j’ai décidé de changer de carrière et d’étudier le travail social à la HETS (Haute École de Travail Social). Ce n’était pas seulement un choix professionnel, mais une mission personnelle. Je voulais utiliser mes expériences, mes forces et ma résilience pour accompagner d’autres personnes traversant des épreuves similaires.
Apprendre le travail social m’a permis de comprendre les défis auxquels de nombreuses personnes vulnérables sont confrontées, mais aussi de découvrir comment des interventions réfléchies et humaines peuvent transformer des vies. En tant qu’ancienne bénéficiaire, je ressens une profonde empathie pour ceux qui traversent des moments difficiles. Tout comme on m’a tendu la main, je veux être là pour les autres.
Être réfugiée politique, c’est vivre entre deux vies
Celle que vous avez laissée derrière et celle que vous essayez de construire. En tant que femme et mère, cette expérience est encore plus intense. Chaque jour, je devais être forte pour mes enfants, leur montrer qu’un avenir était possible malgré les épreuves. J’ai dû jongler entre mes responsabilités familiales et ma propre reconstruction. Cela demandait une énergie immense, mais cela m’a aussi permis de découvrir en moi une force intérieure insoupçonnée. Chaque défi surmonté a renforcé ma détermination.
Les femmes réfugiées politiques apportent une richesse incroyable aux sociétés d’accueil. Elles ne sont pas seulement des mères ou des épouses ; elles sont des bâtisseuses, des créatrices de ponts entre les cultures. Chaque épreuve qu’elles traversent les rend plus fortes, et cette force inspire leur entourage. Aujourd’hui, je suis fière d’être une actrice de ce changement. J’ai appris à
Mon Objectif : Redonner de l’Espoir et Tendre la Main
Mon objectif est clair : apporter de l’espoir à ceux qui traversent des moments difficiles, les aider à trouver leur propre chemin, et leur tendre une main, tout comme on l’a fait pour moi. Car je sais qu’une main tendue peut changer non seulement la vie d’une personne, mais aussi celle de son entourage et des générations futures. Les femmes réfugiées politiques, malgré les épreuves qu’elles ont endurées, possèdent une résilience et une détermination incroyables qui leur donnent la capacité de transformer leur vie et d’enrichir profondément les communautés qui les accueillent. Elles ne se contentent pas de soutenir leur propre famille, elles participent activement à la reconstruction et à l’évolution des sociétés où elles s’installent.
Être réfugiée, ce n’est pas seulement un déplacement physique, c’est aussi une profonde quête émotionnelle. Chaque larme versée peut se transformer en une lumière d’espoir, et chaque défi en une force intérieure. Moi aussi, j’ai fait partie de ce processus. Mes peines, mes angoisses et mes épreuves sont devenues des opportunités de croissance et de transformation. Aujourd’hui, je me considère non seulement comme la porteuse de ma propre histoire, mais aussi comme une messagère pour les femmes qui, comme moi, ont traversé des temps difficiles.
Je suis fière d’être une partie de cette société qui m’a offert sécurité, solidarité et opportunités. Mais plus encore, je veux maintenant trouver des moyens d’offrir cette même sécurité et ces mêmes opportunités à d’autres. Car je crois fermement qu’une société fondée sur l’empathie et la solidarité est une société véritablement unie.
La vie n’a pas toujours été facile, mais les moments difficiles m’ont appris la résilience et la persévérance. Aujourd’hui, je choisis de faire partie de cette société, non pas comme une réfugiée politique, mais comme une femme, une mère et une accompagnatrice. J’ai vu, dans ma propre histoire, comment un petit geste, un mot d’encouragement, peut transformer une vie. Désormais, je suis déterminée à utiliser cette expérience pour toucher d’autres vies et raviver leurs espoirs. C’est ma nouvelle vie, ma nouvelle mission, et mon rêve le plus profond.
Je m’appelle Irène Raoelison et je suis originaire de Madagascar, la grande île de l’Océan Indien. Je suis arrivée en Suisse en 2016, dans le canton de Fribourg, pour donner suite à une formation que j’ai suivie en Afrique et en Europe. Je suis retournée quelques mois dans mon pays avant de repartir pour Genève en 2017. L’obtention du visa d’entrée sur le sol helvétique n’était pas facile. J’ai dû faire un recours à la suite d’une réponse négative à ma première demande auprès de l’ambassade suisse à Madagascar. Il me fallait de la résilience et beaucoup de persévérance dans mes démarches. En ce qui concerne la langue, venant d’un pays francophone et ayant appris le français depuis l’enfance, je n’ai pas de difficulté pour la communication. D’ailleurs, j’ai pu poursuivre sereinement mes études universitaires. Il me fallait toutefois m’informer au fil du temps sur la langue et la culture suisses. En effet, même si nous sommes francophones, il existe des différences dans le vocabulaire, le sens et le poids des mots, la vision du monde…
Il m’arrivait de ne pas comprendre les explications de mes professeurs à l’université lorsqu’ils évoquaient des éléments culturels qui m’échappaient. Je posais alors des questions soit aux professeurs eux-mêmes, soit aux autres étudiants, soit aux personnes de mon entourage. Je lisais beaucoup aussi.
La bonne curiosité, le courage de poser des questions, le sens du dialogue et de l’échange nous aident à mieux comprendre l’autre. Pour la question de la langue qui facilite les interactions sociales et l’intégration, il existe plusieurs possibilités d’apprentissage du français pour les non francophones à Genève, à travers des structures cantonales et des associations.
Pour ce qui est de l’intégration professionnelle, pour moi qui suis originaire d’un pays non européen, le défi n’a pas été facile à relever. À la fin de mes études, ce n’était pas évident de trouver tout de suite un travail. D’ailleurs, j’ai dû patienter quelques mois avant d’y arriver. Ma chance a été que j’ai suivi des études dans un domaine assez spécifique et que mon parcours de vie m’a aidé à développer certaines compétences nécessaires dans mon métier actuel. Ce qui est bien à Genève et dans différentes régions de la Suisse, c’est la possibilité pour les personnes, locales et étrangères de bénéficier de conseils, voire de programmes d’insertion professionnelle. Puis, différentes structures comme le pôle emploi à l’université et certaines associations offrent des services d’aide à la recherche d’emploi et des conseils en matière de rédaction de CV et de préparation aux entretiens d’embauche.
Quant à la vie dans le contexte genevois, là où j’avais besoin de fournir un effort était, entre autres, dans mon rapport au temps. J’ai grandi loin de la ponctualité suisse puisque je viens du pays du « moramora » (avançons tranquillement) où le temps nous appartient, nous avons le temps. Il me fallait trouver les moyens, comme le réveil le matin ou même le long de la journée pour mieux respecter la culture de la ponctualité et précision helvétique. Un autre défi que j’ai dû surmonter concerne la compréhension de certains systèmes comme le système d’assurance. Je n’avais pas cette culture des assurances aux primes élevées dans mon pays. C’est à travers une amie jurassienne que j’ai mieux capté et compris la logique de solidarité qu’on peut trouver dans le système d’assurance helvétique. Un autre élément que j’ai appris au fil du temps est l’importance de ne pas faire des comparaisons. Je ne peux pas comparer les réalités que je trouve ici avec celles qui existent dans mon pays d’origine.
Certes, je garde aussi le lien avec Madagascar à travers ma famille et mes amis qui me partagent les nouvelles du pays. Je garde également mes manières d’être malgache, j’écoute la musique du pays, je continue à manger du riz tout en appréciant la gastronomie, la cuisine d’ici… J’ai rejoint un groupe de la diaspora de mon île natale avec laquelle il me semble souvent de me retrouver en famille. Même si les ressortissants de Madagascar ne sont pas si nombreux en Suisse, j’étais vraiment contente de trouver ce groupe et de passer des moments avec eux quand je peux. Entre temps, j’ai trouvé une communauté suisse avec laquelle je continue à grandir sur mon chemin de foi, un aspect important pour moi. Puis je participe autant que possible aux différentes activités sociales et culturelles de la ville de Genève qui me permettent à la fois de connaître les réalités de la population d’ici et d’élargir le cercle d’amis. Des conférences aux rencontres culturelles et festivals, de l’escalade à la fête nationale, sans oublier les activités de solidarité comme le samedi du partage.
Au-delà d’un climat qui semble parfois être froid, j’ai toujours apprécié l’esprit d’entraide et de solidarité à Genève ainsi que la forte diversité culturelle trouvée ici qui élargit le coeur et l’esprit. A travers les initiatives de ses citoyens, j’ai découvert Genève en tant que ville prônant l’inclusion et la diversité par différents moyens. J’ai remarqué qu’il existe de nombreuses structures offrant un accueil chaleureux aux nouveaux venus, quel que soit leur statut. Bien évidemment, l’intégration peut aussi dépendre des liens sociaux que chacun parvient à tisser avec la population et c’est pour cela que j’encourage la participation aux différents événements. Dans le quotidien, il y a toujours des défis à relever, mais il existe également une multitude de ressources et de possibilités pour faciliter l’intégration dans cette ville de la paix et de la fraternité.
L’Agora (Aumônerie Genevoise Oecuménique auprès des Requérants d’asile et des Réfugiés) est présente au centre fédéral à l’aéroport de Genève.
Les personnes arrivant en avion et qui font une demande d’asile sont retenues pour la procédure dans un petit bâtiment dans l’enceinte de l’aéroport. Le temps de la procédure à l’aéroport est limité à 60 jours, si dans ce temps une décision n’est pas prise par le SEM (Secrétariat d’État aux Migrations), la personne entre en Suisse.
J’y vais à la rencontre des personnes qui ont demandé l’asile, que je ne connais pas et je ne sais pas quelle langue elles parlent. Elles sont souvent angoissées et stressées, quand elles doivent raconter pour leur procédure la raison de leur venue, cela fait remonter des mauvais souvenirs. Je demande alors à Dieu de m’aider a trouver les bons gestes et paroles.
Quelques rencontres qui m’ont marquée
L’été passé, un monsieur des Comores est resté 5 mois dans ces lieux. Après la réponse négative de sa demande d’asile, le document nécessaire pour le renvoi a pris un temps énorme avant d’arriver.
J’ai partagé avec lui le début et la fin du ramadan, son anniversaire et le premier août (Fête nationale suisse). Nous avons eu beaucoup de partages sur les religions, la vie et son avenir.
Je n’oublierai jamais le sort d’une jeune fille de Guinée ! Avec l’aide de sa mère elle s’est enfuie d’un mariage forcé avec un vieux monsieur. En audition avec le SEM elle a montré la photo du mariage. Dans la réponse du SEM, il était écrit : « qui nous prouve que sur la photo ce n’est pas votre grand père ».
Elle a reçu une réponse négative de sa demande d’asile. Elle a été renvoyée avec force à Casablanca d’où elle avait pris l’avion. J’ai été en contact avec sa mère, qui n’a plus eu de nouvelle de sa fille.
J’ai rencontré Emmanuel recroquevillé et apeuré dans un coin. Cela faisait trois jours qu’il était à l’aéroport de Genève, lieu où il a déposé une demande d’asile. Je me présente et lui demande ce qui fait qu’il est dans cet état. Emmanuel me dit : « ici,ils ne veulent pas croire que je suis mineur .»
Il m’a raconté une partie de ce qu’il a vécu dans son pays et m’a montré les horribles marques de torture qu’il a subies. Dans son pays, le Congo Kinshasa, il était accusé d’être un sorcier. Il se sentait perdu et abandonné. Nous avons partagé et prié ensemble.
Nous avons pris contact avec la personne qui est venue à son secours et qui l’a aidé à partir pour échapper à l’enfer. J’ai reçu son acte de naissance et son carnet scolaire qui prouvaient qu’il était bien mineur. Nous avons transmis ces documents à la juriste de Caritas qui suivait Emmanuel. La juriste, qui elle aussi ne croyait pas qu’il était mineur, m’a fortement remerciée.
Trois mois plus tard, Emmanuel m’a appelé. « J’ai une bonne nouvelle, j’ai reçu l’asile et un permis B. » Quelle bonne nouvelle !
Monsieur Mbuyeh venait d’un village anglophone du Cameroun où l’armée a tué les habitants et brûlé les maisons.
A ce moment-là, lui ne se trouvait pas au village. En rentrant, monsieur Mbuyeh a trouvé sa famille décimée. (il m’a montré une vieille Bible en disant : « c’est la seule chose qui me reste de mon père »). Il a été arrêté et mis en prison.
Pendant sa détention, il s’est fait régulièrement violer par un gardien de prison. Ce même gardien qui transportait les détenus pour les exécuter, l’a jeté hors du véhicule, pour qu’il s’enfuit. Le médecin qu’il a vu a l’aéroport de Genève a dit que monsieur Mbuyeh devrait être pris en charge par des spécialistes.
Pendant le temps où monsieur Mbuyeh séjournait à l’aéroport pour sa première audition, il souffrait beaucoup!
Chaque rencontre est unique et nous enrichit mutuellement. En écoutant et accompagnant la personne en détresse, je demande la présence de Dieu. Car Jésus nous à dit : « là où il y a des personnes réunies en mon nom, je suis au milieu d’eux. » Je garde la personne rencontrée dans mes prières. Les contacts avec les personnes rencontrées à l’aéroport continuent souvent après leur entrée en Suisse, même avec certains renvoyés dans leur pays.
Onayı Yönet
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