
Mon Histoire de Réfugiée Politique en Tant que Femme et Mère
Enseigner a toujours été une passion, un mode de vie pour moi. Pendant 16 ans, j’ai travaillé comme professeure d’anglais en Turquie, soutenant mes élèves dans leur apprentissage, observant leur développement et accompagnant leurs rêves. Mais en 2021, ma vie a radicalement changé. Sous la pression de difficultés politiques et personnelles, j’ai été contrainte de quitter mon pays avec mon mari et mes enfants. Cette décision, aussi difficile qu’elle ait été, était nécessaire. Nous avons laissé derrière nous notre maison, nos proches, une vie entière. Avec une simple valise et mille espoirs, nous avons pris la direction de la Suisse, en quête de sécurité et d’un avenir à reconstruire.
Ce voyage a été à la fois une promesse et une épreuve. Nous avons quitté tout ce que nous connaissions pour entrer dans un monde inconnu. La langue, la culture, les règles… tout était nouveau et déroutant. En tant que réfugiée politique, j’ai ressenti profondément le poids de l’exil : une sensation de perte, mais aussi une détermination inébranlable à offrir une vie meilleure à mes enfants. Leurs regards pleins d’espoir nous ont donné la force de continuer, malgré l’incertitude.
Les Services Sociaux : Une Main Tendue Qui Change Tout

En arrivant en Suisse, j’ai découvert pour la première fois les services sociaux. En Turquie, je n’avais jamais eu besoin de demander de l’aide. J’étais une femme indépendante, une professionnelle accomplie. Être désignée comme « bénéficiaire » au début m’a profondément troublée. Je me sentais vulnérable, exposée. Mais j’ai vite compris que les services sociaux en Suisse allaient bien au-delà d’un simple soutien matériel. Ils représentaient une solidarité, un respect pour la dignité humaine et une aide pour se reconstruire.
Grâce à ce système, ma famille et moi avons retrouvé un équilibre. Ce soutien nous a permis de respirer, de nous adapter et de reconstruire notre vie dans un environnement sûr. Même les aides qui pouvaient sembler petites avaient pour nous une signification immense. Ces expériences m’ont également amenée à réfléchir à ma place dans ce nouveau pays : comment pouvais-je contribuer à cette société qui nous avait si bien accueillis ?
Un Sentiment de Sécurité Retrouvé

Pour la première fois depuis longtemps, en Suisse, je me suis sentie en sécurité. Les institutions solides, les lois protectrices… tout semblait fiable. Mes enfants pouvaient aller à l’école sans peur, apprendre et s’épanouir. Cette stabilité leur a offert une opportunité précieuse, ouvrant la porte à un avenir meilleur. Les voir heureux et en sécurité m’a confirmé que nos sacrifices n’étaient pas vains.
Pour moi, ce sentiment de sécurité m’a permis de rêver à nouveau. Il m’a donné la force de réfléchir à ma propre reconstruction, non seulement en tant que mère, mais aussi en tant que femme qui souhaite contribuer activement à cette société.
Le Travail Social : Une Nouvelle Vocation et Un But

Ces expériences m’ont conduite à une décision importante. Inspirée par l’aide que ma famille et moi avions reçue, j’ai décidé de changer de carrière et d’étudier le travail social à la HETS (Haute École de Travail Social). Ce n’était pas seulement un choix professionnel, mais une mission personnelle. Je voulais utiliser mes expériences, mes forces et ma résilience pour accompagner d’autres personnes traversant des épreuves similaires.
Apprendre le travail social m’a permis de comprendre les défis auxquels de nombreuses personnes vulnérables sont confrontées, mais aussi de découvrir comment des interventions réfléchies et humaines peuvent transformer des vies. En tant qu’ancienne bénéficiaire, je ressens une profonde empathie pour ceux qui traversent des moments difficiles. Tout comme on m’a tendu la main, je veux être là pour les autres.
Être réfugiée politique, c’est vivre entre deux vies

Celle que vous avez laissée derrière et celle que vous essayez de construire. En tant que femme et mère, cette expérience est encore plus intense. Chaque jour, je devais être forte pour mes enfants, leur montrer qu’un avenir était possible malgré les épreuves. J’ai dû jongler entre mes responsabilités familiales et ma propre reconstruction. Cela demandait une énergie immense, mais cela m’a aussi permis de découvrir en moi une force intérieure insoupçonnée. Chaque défi surmonté a renforcé ma détermination.
Les femmes réfugiées politiques apportent une richesse incroyable aux sociétés d’accueil. Elles ne sont pas seulement des mères ou des épouses ; elles sont des bâtisseuses, des créatrices de ponts entre les cultures. Chaque épreuve qu’elles traversent les rend plus fortes, et cette force inspire leur entourage. Aujourd’hui, je suis fière d’être une actrice de ce changement. J’ai appris à
Mon Objectif : Redonner de l’Espoir et Tendre la Main

Mon objectif est clair : apporter de l’espoir à ceux qui traversent des moments difficiles, les aider à trouver leur propre chemin, et leur tendre une main, tout comme on l’a fait pour moi. Car je sais qu’une main tendue peut changer non seulement la vie d’une personne, mais aussi celle de son entourage et des générations futures. Les femmes réfugiées politiques, malgré les épreuves qu’elles ont endurées, possèdent une résilience et une détermination incroyables qui leur donnent la capacité de transformer leur vie et d’enrichir profondément les communautés qui les accueillent. Elles ne se contentent pas de soutenir leur propre famille, elles participent activement à la reconstruction et à l’évolution des sociétés où elles s’installent.
Être réfugiée, ce n’est pas seulement un déplacement physique, c’est aussi une profonde quête émotionnelle. Chaque larme versée peut se transformer en une lumière d’espoir, et chaque défi en une force intérieure. Moi aussi, j’ai fait partie de ce processus. Mes peines, mes angoisses et mes épreuves sont devenues des opportunités de croissance et de transformation. Aujourd’hui, je me considère non seulement comme la porteuse de ma propre histoire, mais aussi comme une messagère pour les femmes qui, comme moi, ont traversé des temps difficiles.
Je suis fière d’être une partie de cette société qui m’a offert sécurité, solidarité et opportunités. Mais plus encore, je veux maintenant trouver des moyens d’offrir cette même sécurité et ces mêmes opportunités à d’autres. Car je crois fermement qu’une société fondée sur l’empathie et la solidarité est une société véritablement unie.
La vie n’a pas toujours été facile, mais les moments difficiles m’ont appris la résilience et la persévérance. Aujourd’hui, je choisis de faire partie de cette société, non pas comme une réfugiée politique, mais comme une femme, une mère et une accompagnatrice. J’ai vu, dans ma propre histoire, comment un petit geste, un mot d’encouragement, peut transformer une vie. Désormais, je suis déterminée à utiliser cette expérience pour toucher d’autres vies et raviver leurs espoirs. C’est ma nouvelle vie, ma nouvelle mission, et mon rêve le plus profond.
